ATTENTION ET INTENTION , LA CLE DU POUVOIR INTERIEUR

« comment voulez-vous maîtriser vos actes donc votre vie si vous ne maîtrisez pas votre attention, qui en est la source ? »

La volonté est la capacité de faire ce que l’on veut, c’est le fer de lance de toute vie réussie, mais sommes-nous certains d’être les vrais auteurs de ce que nous voulons ? qu’ est-ce qui peut nous assurer que nos désirs viennent du plus profond de nous-mêmes ? c’ est le sentiment de plénitude et de bien-être profond que nous ressentons après chacun de nos actes qui peut répondre à cette question. Si nous ressentons souvent un certain mal-être, une insatisfaction habituelle, si nous sommes souvent malades, si nous ne réussissons pas souvent ce que nous entreprenons, peut-être y a-t-il quelque chose en nous qui empêche notre volonté de s’appliquer à nos actes pour qu’ils soient tous réussis.

On pense généralement que la volonté s’applique essentiellement à nos actes mais en réalité, presque tout le monde ignore que son application principale concerne notre attention, et plus précisément notre attention sensorielle, la fonction qui nous apporte toutes les informations sans exception qui vont déterminer nos façons d’agir après qu’elles aient été identifiées puis analysées puis raisonnées par notre mental et enfin valorisées et motivées par notre coeur et notre émotionnel.

Or, la plupart des êtres humains ne contrôlent même pas leur attention ! comment imaginer dans ce cas, qu’ils puissent contrôler leurs actes qui ne sont, après tout, que le produit direct de la chaîne de processus que nous venons d’évoquer : attention sensorielle —-mental —- coeur—-action—-résultats ? . Dans cette situation, leur volonté s’applique le plus souvent à des informations superficielles, fausses , déformées ou tout simplement qui ne sont plus d’actualité, nous allons voir ci-dessous pourquoi.

Il existe une fonction essentielle de notre conscience qui va jouer un rôle essentiel de grand perturbateur de notre volonté profonde : c’est la mémoire. Nous concevons généralement la mémoire comme la fonction qui permet de se souvenir des choses. Un rôle essentiel sans lequel notre existence ne serait qu’un chaos, mais derrière cette fonction évidemment indispensable s’en cache une autre dont la première n’est que la suite logique : c’est celle de conserver dans la nature et dans tout l’univers toutes les informations qui constituent l’organisation de tous les êtres de cet univers pour qu’ils durent dans le temps. La mémoire est donc une gigantesque conservatrice qui s’oppose donc à tout changement, car un changement est une rupture avec l’organisation de l’être vivant qui le vit. Elle tend donc à prendre la direction de tous les êtres organisés pour les maintenir, dans leur conscience et dans leurs comportements, dans un ensemble de routines visant à s’opposer à tout changement et pour cela elle s’empare de leur attention puisque toute décision , tout acte , toute réaction de survie procède d’abord d’un acte d’attention sensorielle destiné à informer l’être vivant de la situation dans laquelle il se trouve pour qu’il y réagisse favorablement , que ces informations viennent de l’intérieur de son corps ou de l’environnement où il se trouve.

La mémoire s’introduit donc, sans que nous en ayons conscience le moins du monde, entre nous et l’objet de notre attention, pour nous faire identifier cet objet, cette situation, à travers les filtres de notre personnalité qu’elle a elle-même déjà mis en place , de façon à nous maintenir dans le non-changement comportemental, manipulant du même coup notre volonté puisque nous ne faisons ainsi qu’agir ou réagir à une fausse réalité. le plus souvent , nous validons implicitement ce phénomène car la plupart des hommes se complaisent dans leurs habitudes et s’attachent à une sorte de confort mental, émotionnel et physique que l’on appelle « le ron-ron quotidien » et dont la raison profonde est la peur de l’inconnu.

Les résultats des actes provenant d’un tel comportement dominé par la mémoire sont ensuite validés par retour circulaire aux filtres de la personnalité du sujet et il tourne ainsi en rond , prisonnier de ce que les chamanes appellent son « anneau de pouvoir » . Les schémas d’existence deviennent ainsi de plus en plus durs à changer, y compris face à la souffrance, à la maladie, aux échecs dont le sujet préfère accuser le monde extérieur d’être l’auteur, au lieu de chercher en lui-même les raisons réelles de son mal-être.

A cette emprise de la mémoire sur la personnalité de l’homme s’ajoute un autre phénomène qui affaiblit encore plus l’attention sensorielle: le dialogue intérieur , lui aussi mis en mouvement par la mémoire. Il s’agit de l’occupation permanente de la conscience de l’homme par un véritable maelström de pensées qui ressassent le passé et le futur du sujet, ses préoccupations, ses doutes , ses regrets, ses projets, ses peurs , ses rancunes , ses problèmes, ses échecs. Cette agitation mentale permanente finit par prendre la plus grande partie de l’énergie mentale du sujet en maintenant sa conscience à l’intérieur de lui-même , dans le monde virtuel des représentations mentales ,ce qui le met encore plus à la merci de la mémoire puisque c’est encore ici la mémoire qui fournit le dialogue intérieur.

On peut dire que la plupart des êtres humains ne vivent pas dans la réalité de l’instant présent, mais dans une réalité décalée et passée mais qu’attachés à cette représentation du monde et à la vie que celle-ci génére , ils ont peur du changement et ont de grandes difficultés à changer leur vie. Même s’ils essayent, dans la plupart des cas, ils n’ont pas assez de volonté pour changer car celle-ci, appliquée à une fausse réalité et contrecarrée par l’attachement à leurs routines , ne peut rien faire, elle perd le combat devant la force énorme de la mémoire qui a remplacé, dans la conscience du sujet, la vraie attention par une attention sélective à son service.

Le seul moyen de changer est de retourner à la source de l’information qui conditionne tout le processus de vie : l’attention sensorielle, de la rééduquer, de la reprendre en main et d’apprendre à revivre dans l’instant présent.

Ainsi la volonté, déjà réveillée par cette pratique exaltante et re-créative de soi , va-t-elle pouvoir s’appliquer à un flux d’information plus conforme à la réalité , tout en stimulant la conscience du pratiquant par les nombreux changements de perceptions et de points de vue qu’apporte cette pratique, une véritable renaissance à soi-même. Nous comprenons donc mieux maintenant l’importance énorme de maîtriser notre attention sensorielle pour maîtriser tout le processus qu’est notre vie quotidienne qui va de l’attention aux actes puis des actes aux résultats puis des résultats au bonheur que nous en attendons car il applique ainsi sa volonté à des informations présentes et non pas tirées du passé . Cette forme de volonté qui est consacrée à maitriser notre attention s’appelle « l’intention» dans le langage des chamanes. Elle constitue le pouvoir le plus puissant auquel puisse accéder un être humain.

Ainsi toutes les démarches de développement personnel qui foisonnent actuellement ne servent à rien tant qu’elles ne commencent pas par enseigner cette maîtrise , ce que pratiquement aucune d’elles ne semble avoir intégré.

Ayant commencé à maitriser la source intérieure de toute information le concernant, le pratiquant deviendra peu à peu le véritable créateur de sa vie. C’est ce qui s’appelle la pratique du pouvoir intérieur.

PAUL DEGRYSE